ROLAND GARROS 2012 : les infos

RG2012 : Bilan du tournoi féminin
Alexandra Patard 13 juin 2012
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Deuxième épisode de notre série d’analyses sur le tournoi du Grand Chelem parisien qui vient de s’achever, les femmes sont à l’honneur pour ce bilan de la quinzaine, marquée notamment par la victoire de la Russe Maria Sharapova et la performance de la Française Virginie Razzano au premier tour. Côté déception, Marion Bartoli et la n°1 mondiale déchue Victoria Azarenka n’ont pas tenu leur rang.

LE TOP : Sharapova au sommet, la surprise Errani

La Russe est redevenue reine en l’espace de deux semaines. Longtemps éloignée des courts en raison d’une blessure à l’épaule, la joueuse, qui pointait à la 2e place mondiale au moment de disputer la finale de Roland-Garros, s’était fixée deux objectifs à atteindre Porte d’Auteuil : remporter le seul Grand Chelem qui lui manquait à son palmarès et retrouver le sommet de la hiérarchie mondiale. A 25 ans, Maria Sharapova est donc comblée avec quatre majeurs empochés (Open d’Australie(2008), Roland Garros(2012), US Open(2006), Wimbledon(2004)) et la place de n°1 mondiale décrochée lundi à l’issue du tournoi.

Pour cela, Masha a battu en finale l’Italienne Sara Errani, tête de série n°21 et véritable surprise de la quinzaine. Tombeuse d’Ana Ivanovic (1-6, 7-5, 6-3), Svetlana Kuznetsova (6-0, 7-5), Angelique Kerber (6-3, 7-6) et Samantha Stosur (7-5, 1-6,6-3) aux tours précédents, la Transalpine a expliqué cette rencontre disputée à sens unique (6-3 6-2) par sa très mauvaise entame de match. « J’ai très mal débuté. Contre Maria, si vous donnez des jeux comme ça en début de match, elle prend confiance. C’était difficile de jouer mon jeu face à elle qui faisait je pense un grand match », a confié la désormais n°10 mondiale. Avant d’insister : « Je regrette mon début de match : j’étais fébrile, sous pression car le court était plein, même si c’était génial ».

LE FLOP : Azarenka détrônée, Bartoli décevante

Attendue au tournant après ses deux finales consécutives à Stuttgart (battue par Sharapova) et Madrid (vaincue par Serena Williams) lors de sa préparation de la saison sur terre battue, Victoria Azarenka, n°1 mondiale depuis son sacre à l’Open d’Australie, devait confirmer son statut de reine du tennis féminin. Mais la nouvelle élève d’Amélie Mauresmo n’a pas tenu la cadence, puisque la Biélorusse a créé la surprise en s’inclinant dès les huitièmes de finale à Roland-Garros devant la Slovaque Dominika Cibulkova (6-2, 7-6).

Grande désillusion pour le clan tricolore. La finaliste de la dernière édition, Marion Bartoli a chuté dès le deuxième tour du majeur parisien, éliminée en trois sets par la Croate Petra Martic, classée à la 50e place mondiale au classement WTA (6-2, 3-6, 6-3). Une demi surprise finalement pour la n°1 Française, qui a payé sur ce match son manque de préparation sur terre battue, une surface exigeante, en particulier pour la joueuse tricolore qui se sent également à l’aise sur gazon.

« Oui, sur la fin le manque de matches a joué parce que ça entraîne un manque de confiance. Cela s’est vu au service où j’ai souffert. Ce coup est vraiment le baromètre de mon niveau de confiance. Aujourd’hui j’ai eu l’impression de tout le temps subir, j’ai manqué d’intensité et d’intentions. Je n’ai pas eu la préparation idéale mais j’y croyais quand même », a-t-elle déclaré après la rencontre.

ON ATTENDAIT (PEUT ÊTRE) MIEUX DE : Schiavone, Li, les sœurs Williams

Parmi les joueuses qui ont déçu lors de ce deuxième grand rendez-vous de la saison figurent les deux anciennes vainqueurs du tournoi. L’Italienne Francesca Schiavone, titrée à Roland-Garros en 2010 et finaliste l’an dernier, s’est fait sortir dès le troisième du tableau féminin par l’Américaine Varvara Lepchenko (61e) en trois sets (3-6, 6-3, 8-6). Tenante du titre, la Chinoise Na Li n’a tenu qu’un tour de plus. La finaliste du tournoi de Rome a été éliminée en huitièmes de finale par la Kazakh Yaroslava Shvedova (3-6, 6-2,6-0), révélation du tournoi (cf. rubrique suivante).

En lice toutes deux dans le tableau final de Roland-Garros cette saison, les sœurs Williams ont elles aussi rapidement disparu de la compétition. Titrée en 2002 face à sa sœur Venus, signant cette année-là leur meilleur résultat pour les deux joueuses sur la terre battue parisienne, Serena Williams a subi la loi d’une Virginie Razzano retrouvée (cf. rubrique suivante). Quant à l’aînée des deux sœurs américaines, Venus Williams s’est inclinée de son côté face à la Polonaise Agnieszka Radwanska, 3e meilleure joueuse mondiale, en deux sets (6-2, 6-3).

ELLES MÉRITENT LES HONNEURS : Razzano et Shvedova

Virginie Razzano a marqué les esprits lors de la première semaine du tournoi. Auteur d’un incroyable exploit, la Française s’est ainsi offert le luxe de sortir l’Américaine Serena Williams, qui n’avait jusque-là jamais perdu dès un premier tour de Grand Chelem. Et ce au bout de trois heures de jeu et pas moins de huit balles de match en faveur de la Dijonnaise, qui était menée d’un set et cinq jeux à un dans le tiebreak de la deuxième manche avant de renverser la situation (4-6, 7-6, 6-3).

Révélation de la quinzaine Porte d’Auteuil, la Kazakh Yaroslava Shvedova a fait sensation en éliminant la tenante du titre, la Chinoise Na Li, en huitièmes de finale, avec un sévère 6-0 dans la dernière manche (3-6, 6-2, 6-0). Issue des qualifications, la 142e joueuse au classement WTA s’est ainsi qualifiée pour les quarts de finale de Roland-Garros, égalant son meilleur résultat atteint en 2008 dans ce tournoi. Shvedova a même été proche de rééditer l’exploit de sortir une autre joueuse membre du Top 10, mais c’est la Tchèque Petra Kvitova (4e) qui est finalement sortie gagnante de leur duel (3-6, 6-2, 6-4).

Beau résumé

Le blog de la rédac' > Sharapova, l'invitation au voyage
Par Rémi Cap-Vert, jeudi 14 juin 2012 à 17:42
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]

Roland Garros, c'est terminé. A la Rédaction, nous avons débriefé ce matin : nos joies, réussites et déceptions. A l'heure de choisir une image marquante, c'est le sacre de Maria Sharapova qui s'est imposé. Le bonheur immense de cette immense championne méritait bien un hommage - et vibrant, s'il vous plaît.

"C’est un long voyage, qui a commencé lorsque j’étais très jeune et qui n’est pas encore terminé. Ce n’est pas fini pour moi, croyez-moi. J’en suis loin, j’ai encore beaucoup de choses à réussir." Tout est dit. Ces quelques mots, Maria Sharapova les a prononcés avec émotion, soulagement, plaisir et plénitude, après sa victoire à Roland Garros. Ces quelques mots constituent la légende d'une des belles images de cette quinzaine. La grande Maria qui s'agenouille sur la terre d'Auteuil après un ultime revers raté de Sara Errani. Elle se prend le visage dans les mains, se recroqueville, avant de lancer ses bras vers le ciel. Comme si elle se fondait en elle-même pour mieux embrasser l'univers, comme si la finitude de son corps explosait sous l'intensité de sa joie, comme si le bonheur débordait de son accomplissement en un partage profond avec celles et ceux qui la regardent. Avant d'enchaîner des bonds improbables qui resteront dans l'histoire du tournoi féminin.

Elle est ainsi, Maria. Sous sa carapace de concentration, son regard noir à l'adversaire, sa bestialité sonore et son masque de tueuse des courts se cache la même enfant qui avait triomphé à Wimbledon en 2004. Mais cette enfant fait preuve d'une grande maturité à l'heure d'observer le chemin parcouru. Elle parle de "son travail", le tennis, un travail qu'elle aime plus que tout, pour lequel elle est prête à tous les sacrifices. Comme de se battre afin de revenir au plus haut niveau après son opération de l'épaule en 2008. "J’adore mon boulot, j’adore jouer au tennis. J’aurais pu abandonner, franchement, quand j’ai été blessée… J’avais déjà gagné beaucoup d’argent, j’avais remporté des Grands Chelems… Mais, quand vous aimez quelque chose, même si c’est gelé dehors, vous sortez, même si vous savez que vous aller vivre une journée difficile, vous vous levez et vous l’affrontez. Il n’est que de cette façon que vous pouvez accomplir de grandes choses. Et c’est ce qui m’a toujours portée."

"J'ai encore beaucoup de choses à réussir"

Le voyage de cette jeune fille, loin d'être la froide sibérienne qu'on a voulu décrire, mais assez facilement souriante et chaleureuse, a trouvé un point d'accomplissement samedi dernier, en finale de Roland Garros. Un point d'accomplissement, qui en ouvre bien d'autres, à la manière du baroudeur qui, en poussant une porte, en découvre des dizaines encore à explorer. Et qui donne autant de profondeur aux points déjà atteints et déjà dépassés. Top 100 à 15 ans, premier trophée à 16, championne à Londres à l'âge de 17 ans, numéro un mondiale à 18, titrée à l'US Open et l'Open d'Australie... A 25 printemps, la voilà de nouveau installée dans le trône réginal du circuit féminin, dans celui de l'histoire, avec son Grand Chelem en carrière comme dossier de velours. Vient Wimbledon, terre de ses premiers exploits. Tout est possible et voilà peut-être une nouvelle époque qui commence pour Mademoiselle Sharapova - Madame, dans peu de temps... "Je me suis toujours fiée à mon propre talent et à mon équipe, aux gens qui m’aimaient. J’ai beaucoup de foi et de fierté en ce que je fais." C'est ce qui lui permet d'avancer, toujours et encore, et "vivre, c'est avancer sans cesse" - Théodore Monod nous entend.

A l'heure du bilan d'un tournoi, c'est ce qui reste : l'image de la détermination et d'une forme de courage. D'une force qui anime Maria Sharapova. "L'univers est suspendu à un baiser", écrivait un romancier russe. Le 9 juin dernier, il l'était devant la Coupe Suzanne Lenglen et sa championne. Peut-être le sera-t-il le 8 juillet prochain devant l'écrin d'un viride Centre Court. Et peut-être encore dans les semaines qui viennent. Et peut-être... L'histoire est toujours à écrire. Croyez-nous, Maria manie très bien sa plume et les rames de sa barque.

Très joliment écrit tout ça

sublime article